Coureurs participant à un marathon insolite dans un cadre atypique.
Le 9 février 2025

Le Marathon le Plus Insolite de l’Histoire – 54 Ans pour Terminer la Course !

Shizo Kanakuri, jeune coureur japonais, lors du marathon des Jeux olympiques de Stockholm 1912

Les records sportifs sont souvent synonymes de performances incroyables, de vitesse fulgurante ou d’endurance hors normes. Pourtant, il existe des records qui défient toute logique et qui sont presque impossibles à égaler, non pas par leur intensité physique, mais par leur singularité. Parmi ces exploits insolites, l’histoire de Shizo Kanakuri, un coureur japonais qui a mis 54 ans, 8 mois, 6 jours, 5 heures et 32 minutes pour terminer son marathon olympique, est sans doute l’un des plus fascinants. Retour sur cette anecdote aussi étrange qu’amusante.

Les Jeux Olympiques de Stockholm en 1912 : un départ prometteur

En 1912, les Jeux Olympiques d’été se tiennent à Stockholm, en Suède. Pour la première fois, le Japon envoie une délégation de deux athlètes pour représenter le pays sur la scène mondiale. Parmi eux, Shizo Kanakuri, un jeune coureur de fond prometteur, sélectionné pour disputer l’épreuve du marathon.

Kanakuri n’a alors que 20 ans, mais il est déjà reconnu au Japon pour ses performances exceptionnelles. Il a même établi un record officieux du marathon en courant la distance en 2 heures, 32 minutes et 45 secondes, un temps impressionnant pour l’époque.

Avant même le début de la course, Kanakuri doit surmonter un obstacle de taille : son voyage jusqu’en Suède. À cette époque, il n’y avait pas de vols commerciaux, et le trajet en bateau et en train dure plus de 18 jours. Arrivé en Europe, il souffre du décalage horaire, d’un régime alimentaire auquel il n’est pas habitué et du climat plus rude. Malgré cela, il est déterminé à donner le meilleur de lui-même.

Une course sous une chaleur accablante

Le 14 juillet 1912, le marathon olympique débute dans des conditions extrêmes. La température dépasse les 30°C, une chaleur inhabituelle pour la Suède, et les routes poussiéreuses rendent la course encore plus éprouvante. Les coureurs doivent parcourir 40,2 km, soit une distance légèrement inférieure à celle du marathon moderne fixé à 42,195 km.

Dès le départ, la chaleur fait des ravages. Plusieurs coureurs s’effondrent sous l’effet de la déshydratation et du coup de chaleur. Un athlète portugais, Francisco Lázaro, succombe même à l’effort, devenant le premier décès enregistré aux Jeux Olympiques modernes.

Shizo Kanakuri, habitué à courir dans des climats plus tempérés, souffre énormément. Son corps peine à s’adapter aux conditions extrêmes, et il s’effondre en pleine course après environ 30 kilomètres. Conscient qu’il ne peut plus continuer, il est recueilli par une famille suédoise qui lui offre de l’eau et un peu de repos. Honteux de son abandon, il décide discrètement de quitter la compétition sans prévenir les officiels olympiques.

Francisco Lazaro en train de courir sur un Marathon suivi d'une voiture.

Un athlète porté disparu pendant des décennies

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais un détail va transformer cet abandon en l’un des records les plus insolites de l’histoire du sport. Comme Kanakuri ne s’est jamais présenté à la ligne d’arrivée et qu’aucun officiel ne l’a vu quitter la course, il est déclaré disparu en Suède ! Pendant plusieurs années, les organisateurs olympiques n’ont aucune trace de lui.

Pendant ce temps, Shizo Kanakuri est retourné au Japon où il continue sa carrière d’athlète et devient un des pionniers du marathon dans son pays. Il participe notamment aux Jeux Olympiques de 1920 à Anvers et ceux de 1924 à Paris, sans toutefois décrocher de médaille. Il joue également un rôle clé dans la diffusion de l’athlétisme au Japon, organisant les premières grandes courses de fond et entraînant les futures générations d’athlètes.

Mais en Suède, son nom reste associé à un mystère. Où est passé ce coureur japonais ? A-t-il disparu en forêt ? A-t-il quitté la Suède sans prévenir ? Ce n’est qu’en 1967, soit 55 ans après la course, que les organisateurs suédois retrouvent sa trace et l’invitent à revenir terminer son marathon inachevé.

Une arrivée symbolique et un record Inégalé

Vieil homme en costume franchissant une ligne d'arrivée du marathon le plus insolite de l'histoire.

À l’âge de 76 ans, Shizo Kanakuri retourne donc en Suède pour achever ce qu’il avait commencé. Devant les caméras et un public amusé par cette histoire extraordinaire, il franchit enfin la ligne d’arrivée, bouclant son marathon avec un temps officiel de 54 ans, 8 mois, 6 jours, 5 heures et 32 minutes. Il entre ainsi dans l’histoire avec le record du marathon le plus lent jamais couru !

Avec humour, Kanakuri déclare à la presse : « Cela a été un long voyage. Sur le chemin, je me suis marié, j’ai eu six enfants et dix petits-enfants. » Une déclaration qui illustre bien l’esprit décalé de cette anecdote sportive unique.

L’héritage de Shizo Kanakuri

Malgré cette mésaventure, Shizo Kanakuri reste une figure respectée dans l’histoire du sport japonais. Après sa carrière d’athlète, il devient professeur d’éducation physique et contribue au développement du marathon au Japon. Il est reconnu comme le « père du marathon japonais », inspirant de nombreuses générations de coureurs. Grâce à lui, la discipline prend une ampleur considérable et s’ancre profondément dans la culture sportive japonaise.

Aujourd’hui encore, son histoire est racontée comme une légende sportive, prouvant que le sport ne se limite pas aux performances et aux médailles. Parfois, un record peut être battu non pas par la rapidité, mais par la persévérance et l’humour.

Un record qui inspire encore aujourd’hui

Au-delà du simple exploit insolite, cette histoire rappelle l’importance de la persévérance et de l’honneur dans le sport. Kanakuri n’a peut-être jamais remporté de médaille olympique, mais il a inscrit son nom dans l’histoire d’une manière unique. Ce genre de récit permet aussi de relativiser l’importance du résultat : l’important n’est pas seulement de gagner, mais aussi de participer, comme le voulait l’esprit olympique prôné par Pierre de Coubertin.

L’anecdote de Shizo Kanakuri continue d’inspirer de nombreux marathoniens à travers le monde. Elle est un exemple de détermination et d’humilité, prouvant que chaque athlète, peu importe son niveau, a une histoire à raconter.

L’histoire de Shizo Kanakuri est une preuve que les Jeux Olympiques réservent parfois des anecdotes surprenantes et mémorables. Si son exploit n’a rien d’un record de vitesse, il demeure l’un des plus célèbres de l’histoire du sport.

Ce récit nous rappelle que le sport est aussi une aventure humaine, pleine de rebondissements inattendus. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, un autre athlète battra son record… mais il faudra être très patient !

Si le Marathon de Shizo Kanakuri a marqué l’histoire par sa durée hors norme, le monde du sport mécanique n’est pas en reste en matière d’épreuves interminables. Découvrez le Grand Prix le plus long de l’histoire de la Formule 1, une course épique où le temps s’est étiré bien au-delà des standards habituels, repoussant les limites des pilotes et des machines !